Un mea-culpa sans intérêt

J’ai reçu plusieurs fois des messages me demandant de mettre à jour.

Je veux bien moi, mais y’a quelque chose dont vous n’avez pas l’air de vous rendre compte : la vie d’une aupair, c’est pas super palpitant tous les jours… En fait, c’est même plus souvent monotone que palpitant.

Les premières semaines après notre arrivée, c’est sûr, y’a des tas de choses à dire. On visite, on découvre la vie à l’américaine, on a plein de choses à raconter, et on s’extasie devant le moindre truc que peuvent faire les enfants. Puis le temps passe, on se lasse des bêtises des enfants, on n’a plus rien à dire sur la ville où on vit, on a plus rien à expliquer sur les coutumes américaines, et le porte-monnaie ayant souffert des voyages précédents, on n’a plus de compte-rendu de week-end à faire.

Je suis la première à me plaindre quand les aupairs dont je lis les aventures ne mettent pas à jour. Puis je me met à leur place, et je réalise que ça n’intéresserait personne si elles parlaient de leur bébé qui a mangé un petit-pot carotte-chocolat à midi, ou de leur pré-ado qui s’est cassé un ongle. Avouez-le, on s’en tape l’oeil avec une patte de lama irlandais de tout ça.

J’essaye, de temps en temps, de créer des articles un peu plus généraux, pas sur MA vie aux Etats-Unis, mais sur LA vie ici. J’ai voulu créer un article pour partager mes magasins préférés où je fais des économies de malade, mais j’ai abandonné. J’ai voulu écrire sur le fait que, lorsqu’on est aupair, on rencontre des gens des 4 coins du monde, et on apprend donc à maîtriser tous les accents possibles, mais je me suis rendu compte que ça n’intéressait que moi. J’ai voulu vous expliquer les différences entre les Staïtz et le pays de La-Baguette-A-Béret (cf : Les Confessions de Georgia Nicholson). Mais au fond, on s’en balance.

Et puis en ce moment je ne suis pas au meilleur de ma forme. Je me sens pas bien, je ne suis plus à l’aise avec ma famille d’accueil, j’ose pas leur parler des trucs qui me gonflent à la maison et du coup ces trucs continuent de me gonfler. Je n’ai plus envie de m’occuper des enfants, je n’ai même plus envie de jouer avec eux. Je dois me forcer à passer du temps avec les D. Le week-end, je préfère même aller faire les magasins, ça me donne un prétexte pour sortir. Ceux qui me connaissent assez savent que faire du shopping, c’est franchement pas dans le Top 20 des choses que je préfère dans la vie.

Il y a deux jours, j’ai craqué, à la seconde où l’un des parents est rentré à la maison j’ai pris les clés de la voiture et je suis partie. Une fois sur la route, je me suis mise à pleurer. Je savais pas où j’allais, j’avais juste envie de sortir de la maison. J’ai finalement décidé d’aller voir un film, et une fois devant le cinéma je n’ai même pas eu envie de pousser la porte. Encore une fois, ceux qui me connaissent savent que j’aime le cinéma, c’est mon antidépresseur, mais cette fois-ci ça n’était même pas suffisant… Comme il commençait à se faire tard, je suis rentrée à la maison où j’ai assistais à une défaite des Penguins, l’équipe de Hockey. Ils jouent leur dernier match contre les Capitals de Washington ce soir, si ils perdent, on n’est plus en lice pour la Stanley Cup. Mais ça m’a permis de donner un prétexte à Divna, quand elle a vu que j’avais pas franchement la tête de la fille la plus heureuse du monde. Lui dire que j’étais déçue par les Penguins a été plus facile et surtout moins blessant que de lui dire que je ne me sentais plus très bien ici.

Je n’aime pas être comme ça, croyez-moi… Je m’en veux de me sentir mal alors que je suis dans une très bonne famille. Je m’en veux de focaliser uniquement sur les trucs qui me gonflent, simplement parce qu’ils sont plus nombreux que les trucs que j’aime. Et puis je m’en veux de me prendre la tête alors qu’il ne me reste que quelques semaines sur le territoire américain. 87 jours, 12 semaines, 3 mois. Ça parait à la fois court mais aussi tellement long…

Pour tenir le coup, je me prévois d’autres visites (Boston dans deux semaines, Chicago un jour ou l’autre, les Chutes du Niagara) ainsi que des activités (comme les parcs d’attractions près de Pittsburgh). Mais à chaque fois j’ai le droit à des réflexions comme “c’est dommage que tu parte toute seule” ou “ça me fait de la peine que personne ne t’accompagne”. En quoi c’est dommage de partir seule, si c’est parce que je l’ai voulu? Oui, ça serait dommage si je partais seule parce que j’ai pas le choix, mais là c’est moi qui décide de n’inviter personne. La raison principale : j’ai pas envie de dépendre des autres pour trouver une date de départ. Par exemple, je voulais aller voir les Chutes du Niagara ce week-end, côté Canadien. J’ai fait signer mes papiers, tout est en ordre. J’ai demandé à Gabriella, une aupair brésilienne, de m’accompagner, et du coup je dois attendre qu’elle me dise quand elle sera dispo. Mais ça sera pas avant juin. Sauf que moi c’est maintenant que je veux y aller… Je suis pas venue aux Etats-Unis pour me faire des amies, mais pour voyager. Et je semble être la seule à avoir compris ça…

Enfin bref, tout ça pour dire que si je ne met rien sur mon blog, c’est parce que je n’ai rien d’intéressant à raconter. Je n’ai pas envie de vous rabattre les oreilles avec mes états-d’âmes, je n’ai rien d’intéressant à raconter sur les enfants, et pour le moment ma vie n’est pas des plus passionnantes. Désolée.

 

PS : J’ai oublié de vous dire au fait. Vous vous souvenez de Kevin, dont je parlais dans un article précédent? Celui du Science-Center? J’avais dit que si j’osais, il serait la victime d’un des points de ma liste : “oser draguer un potentiel Green-Card”. J’ai osé, il y a 3 semaines. C’était “le jour de la planète”, le 22 Avril. Je m’en souviens, parce que je pensais que le Science Center organiserait quelque chose ce jour là, et qu’on a discuté avec Kevin. Puis j’ai osé lui dire ce que je ressentais. Ce fut un désastre, je suis vraiment pas douée pour ça. Mais j’étais contente de moi malgré tout. Je lui ai laissé mes coordonées, lui disant qu’avec Maksim on en avait un peu marre du Science Center, on allait faire une pause, mais que s’il voulait il pouvait m’appeler. Trois semaines après, face au manque de nouvelles, je me dois d’en conclure que ma tentative fut vaine. Mais j’aurais essayé au moins, ce qui me satisfait largement. Je peux donc me permettre de barrer ce point dans ma liste.

Photo : Maksim qui joue au T-Ball. C’est comme le baseball, mais pour les enfants. Et c’est pas le sport le plus passionnant qu’il soit…

4 Responses to “Un mea-culpa sans intérêt”

  1. “J’ai voulu écrire sur le fait que, lorsqu’on est aupair, on rencontre des gens des 4 coins du monde, et on apprend donc à maîtriser tous les accents possibles, mais je me suis rendu compte que ça n’intéressait que moi. J’ai voulu vous expliquer les différences entre les Staïtz et le pays de La-Baguette-A-Béret (cf : Les Confessions de Georgia Nicholson). Mais au fond, on s’en balance.”

    Hey, je trouve ça intéressant moi ! Arrête de croire que ca ne l’est pas.
    Sinon moi j’ai rêvé en partie du fait que tu avais décidé de rematcher pour les trois derniers mois, après tout pourquoi pas ^^. Non sérieusement, je suis bien contente d’être partie en te lisant, car me lassant d’autant plus vite que toi, je crois que j’en aurais eu ma tasse vers le 8ème mois! En ce sens tu es courageuse et puis tu as raison de partir seule, tu es débrouillarde, et puis tu parles de toute façon à des gens sur place.

    Bref, je t’envoie mes encouragements pour la fin.

  2. Courage Marion ! C’est sur que la vie quotidienne ne doit pas être super palpitante (et ceux dans aucun pays) mais penses à toutes les choses dingues que tu as faites et que tu t’apprêtes à faire ! Beaucoup de gens t’envies (moi la première).
    Comme Angèle je trouve ton idée d’expliquer les différences States/France super intéressante ! N’oublie pas que nous n’avons qu’une vague idée de la vie américaine : mcdo & co.
    Encore courage, je pense fort à toi !
    Et bravo pour Kevin et s’il t’appelle pas, c’est qu’il n’est qu’un pauvre andouille !

  3. j’aime bcp la patte du lama irlandais et je rejoins tout a fait ton point de vue, si au début mes mises à jours étaient hebdomadaires elle deviennent semestrielles et encore je suis sympa. Bon courage pour tes 87 jours restants et gros bisous
    ps: rappelle moi quand tu viens sur Chicago?
    gros bisous

    marion

  4. [...] Y’en a peut-être parmi toi qui se rappellent qu’au Science Center se trouve un élément perturbateur dans ma vie sentimentale : Kevin. Si, ma petite marmotte, rappelles-toi, j’en parlais une première fois ici, puis vous annonçait que notre histoire était morte-née ici-même. [...]


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