Il y a une semaine, si vous m’aviez demandé si l’Australie était toujours d’actualité, je vous aurez répondu que non. Je vous aurais dit que partir comme ça à l’aventure, c’est bien beau, mais c’est pas facile. Je vous aurais dit que je flippais à l’idée d’être en galère une fois sur place.
Bref, je vous aurais répondu qu’une fois de plus je me la jouais girouette, et que j’avais changé d’avis.
Mais ça c’était il y a une semaine…
Aujourd’hui, j’ai passé ma journée à lire des blogs de personnes parties avec le Visa Vacances Travail en Australie, à parcourir un forum sur l’Oz, à voir des photos sublimes, à lire des choses magiques.
Aujourd’hui, plus que jamais, j’ai envie de partir en Australie. Sauf qu’aujourd’hui, une question toute neuve est apparue dans mon esprit tourmenté. Ou plutôt une question à laquelle je pensais avoir trouvé une réponse dès le début : partir seule ou accompagnée ?
D’un côté, j’ai envie de partir seule. J’ai envie de me la jouer façon “Into the Wild” au féminin, ça m’a fait tellement de bien Hawaii en solitaire, j’ai des envies d’encore. Je veux avoir la possibilité de partir du jour au lendemain sur les routes. Je ne veux pas avoir quelqu’un qui se plaindrait de la température, de trop marcher, de pas bien dormir, de pas bien manger, de pas trouver de boulot, de faire un boulot pénible… Et je ne veux pas non plus avoir la possibilité de me plaindre à quelqu’un.
Mais d’un autre côté, je donnerais tout pour partager cette aventure avec quelqu’un que je connais. Quelqu’un avec qui je pourrais jouer aux cartes le soir, quelqu’un qui me remonterais le moral dans les moments de galère, quelqu’un qui prendrait des photos avec moi, quelqu’un à qui je pourrais exprimer mes émotions et mes sentiments face à une plage sublime ou une activité de “ouf”, quelqu’un qui m’aiderait à moins flipper quand je dormirais en pleine cambrousse, ou quand je voudrais partir sur les sentiers pour quelques heures de marches à la découverte de la nature australienne. Et puis comme il est dit dans “Into the Wild”, “le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé”. Et être seule une semaine à Hawaii, ce n’est sans doute pas la même chose qu’être seule plusieurs mois en Australie…
Mais le problème, de toute manière, ce règle de lui-même : peu importe si les gens que je connais sont super motivés, ils ont déjà commencé à vivre leur vie. Les premières personnes que je verrais m’accompagner et que j’accepterais volontier sont mon frangin et sa biquette. Je suis pas sûre à 100% que la biquette en question serait folle de joie à l’idée de partir sur les routes Australiennes. En revanche, je suis presque sûr que Clément me suivrait. Je peux me tromper. Mais quoi qu’il arrive, aussi motivés soient-ils, mon frère et ma toujours-pas-belle-soeur-officielle (grumpf) n’en restent pas néanmoins ancrés dans la vie active, avec de vraies études ayant donné lieu à de vrais diplômes, de vrais salaires, de vrais contrats de travail, un vrai appart’ et un tout nouveau vrai chat.
Puis il y a mes amis. Il y en a que je vois plus que d’autres, certains que je supporterais plus facilement que d’autres. Pour ne blesser personne, je ne citerais aucun nom. Ceci dit, le problème reste le même : mis-à-part le fait que je ne les vois pas tous partir à l’aventure comme ça, il y a aussi un inconvénient majeur : ils ont tous entamé (et poursuivi, eux!) des études. Certains entameront leur dernière année de licence à la rentrée, d’autres viennent de finir leur première année, mais tous ont l’intention de continuer sur ce chemin. Ils ont la sagesse qu’il me manque :-)
Et partir avec un inconnu, non merci…
Vous l’aurez compris, mon cerveau continu de bouillonner. Régulièrement, mes hosts remettent sur la table le sujet des études. J’aime énormément mes parents pour ne pas me forcer à continuer mes études tout de suite (même s’il va de soit qu’ils trouvent ça dommage, tout comme moi). De la même manière, je n’aime pas du tout mes hosts, et surtout Miroslav, pour critiquer mes choix. Tous les mois en moyenne, Miroslav me répète que j’ai besoin d’un diplôme dans la vie. Il me dit à chaque fois que je devrais envisager la possibilité d’étudier aux Etats-Unis, ce à quoi je réponds systématiquement que c’est beaucoup trop cher. On a à chaque fois la même discussion, et à chaque fois ça m’énerve. Et lorsque des amis à eux viennent à la maison et me demandent ce que je compte faire à mon retour en France, je vois Miroslav secouer la tête d’un air rébrobateur, discrètement, lorsque j’annonce mes projets.
Cet article n’a pas énormément d’intérêt, j’en suis consciente. Seulement il faut garder en mémoire que ce blog, c’est aussi le meilleur moyen que j’ai de me souvenir de ce que je vis ici, aux Staïtz. Mes émotions, mes coups de blues, mes moments “je vais lui en mettre une, ça va me détendre, et au moins il se plaindra pour quelque chose” et mes multiples et perpétuelles interrogations font partie, malgré tout, de ces choses dont je veux me souvenir. Parfois, lorsque je me fais vraiment suer, je relis les archives, et je redécouvre des sentiments que j’avais oublié, des questions que j’avais mis de côté, des évènements que ma mémoire avait zappé. Je réfléchis d’ailleurs sérieusement à “papiériser” tout ça à la fin, en ne réécrivant rien, de manière à garder une trace palpable de mon séjour ici.
Et puis cet article permet aussi à mes parents de se faire encore un peu plus de mouron pour leur fille complètement paumée à l’autre bout du monde. Je serais une fille indigne si je ne leur permettait pas de s’inquiéter pour moi :-)
Photo honteusement volée à une autre aupair, prise lors d’une soirée “rétro” pour l’anniversaire de Natalya. J’étais habillée en hippie, quelle surprise :-)